Dernier mot, Derniers maux…

Dernier mot, Derniers maux…

Je profite de la rentrée pour prendre une dernière fois la plume afin de vous écrire ces quelques lignes comme témoin des trois dernières années qui viennent de s’écouler pour la profession infirmière, et vous dire au revoir.

S’il y a eu des avancées importantes sur certains débats concernant la profession infirmière et une amélioration de l’écoute de la profession par le monde politique, il reste de nombreux défis à relever et j’aurai tendance à dire que le plus dur est malheureusement à venir.

Ce monde volatile, incertain, complexe et ambigu dans lequel nous évoluons, dans lequel la profession évolue, remet constamment en question les acquis et demande une capacité d’adaptation éprouvante à tout un chacun.

Le réveil est d’autant plus dur, au lendemain des différentes vagues Covid, face à l’inertie décisionnelle actuelle en regard de l’incendie, de l’hémorragie réelle qui touche la profession. Quand est-ce que la profession infirmière sortira de ce plan « rustine » sur un pneu usé qui ne cesse de rencontrer des clous ? Certains diront, soyez heureux, vous avez déjà un travail ! Quel scandale d’entendre cela…pour une des professions qui a été applaudie et reconnue comme essentielles… enfin le temps d’une vague !

Ne soyons pas naïfs et osons questionner la raison de la fermeture d’unités d’hospitalisation, ou de pans médico-techniques. En soi, rien de majeur, le malade attendra puisqu’il est « patient ».

Alors que de vrais débats sur la pénibilité, la responsabilité et la reconnaissance doivent avoir lieu, nous nous retrouvons face à une volonté trop polie, trop consensuelle de ne pouvoir, ou de ne vouloir concrétiser un réel plan de rétention et d’attractivité en lieu et place d’une logique de saupoudrage de différentes mesurettes. Soyons rassurés, nous pouvons rappeler les pensionnés et la formation sera bientôt réduite à un mode fast Track où la sécurité du patient risque d’être la première victime. L’emploi indépendamment de la qualification étant préservé, c’est le principal !

Au final, questionnons-nous également sur qui décide réellement dans cette lasagne institutionnelle ? Car les débats sont simples, mais il faut avoir le courage de les affronter. Rassurons-nous et repensons le travail, pressons la profession différemment en la vidant de sa substance et laissons celle-ci se faire bercer, se faire berner par cette pseudo évolution.

Aujourd’hui, je quitte le monde des associations professionnelles avec beaucoup de souvenirs, bons comme moins bons. Toutes les occasions qui m’ont été données ont été saisies avec l’UGIB, la FNIB et le bureau des directions des départements infirmiers et je peux dire que face à la complexité des différents débats, je n’ai pas de regret. Et je ne peux qu’encourager à poursuivre ces débats, ces combats.

Je conclurai ce texte par deux éléments qui me sont chers.

Le premier est la reconnaissance que je porte au travail accompli par les différentes associations professionnelles qui exercent pour la plupart à titre bénévole. Celle-ci ne cache pas ma colère face aux pseudo-experts Facebook remplis de bonnes intentions stériles, mais absents de tout débat constructif. Face à une profession tellement éclatée, spécialisée de par les fonctions et les lieux d’exercice, soutenez les associations afin de les préserver et les professionnaliser car elles restent la seule courroie de transmission efficace pour défendre la profession infirmière.

Le deuxième correspond aux réels moments de rencontre que j’ai eu l’occasion d’avoir durant mes différents mandats où je tiens à remercier en tant que personnes Mmes Catherine Fonck, Muriel Gerkens, Sophie Rohonyi, MM. (Feu) Marc Goblet, Koen Geens, et Jan Bertels. Chaque rencontre a permis de définir un fil rouge, une ligne claire dans une tempête COVID. Une réelle bienveillance dans la volonté d’assumer les propos jusqu’au bout et chacun avec sa finesse.

En d’autres mots, la profession mérite mieux mais elle n’a pas à rougir des professionnels qui la représentent et des combats gagnés.

Avec toute mon respect,

Adrien Dufour,

ex-porte-parole fédéral de l’Union Générale des Infirmiers de Belgique,

ex-président de la FNIB,

ex-vice-président du bureau des directions de département infirmier ACN-FNIB.

Pour la suite,

Alda Dalla Valle, FNIB

Dominique Putzeys, Président du bureau des directions de département infirmier ACN-FNIB

Marc Konninckx, Président de l’Union Générale des Infirmiers de Belgique

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