Infirmières sud-africaines : fuir ou lutter? Les problèmes d’emploi exigent la prise de mesures contre l’abandon du métier.

Une enquête internationale jette la lumière sur les opinions des infirmières quant à leur profession et à la qualité des environnements de soins.

Durban, Afrique du Sud, le 1er juillet 2009 – Par rapport à leurs collègues d’autres pays du monde, les infirmières sud-africaines ont une plus forte probabilité de quitter la profession dans les cinq ans, comme le montrent les résultats d’une recherche présentée aujourd’hui par le Conseil international des infirmières, à l’occasion de son 24e Congrès quadriennal.

Plus de 2000 infirmières du monde entier, dont 200 en Afrique du Sud, ont été interrogées dans le cadre de cette recherche portant sur les défis et opportunités pour les infirmières. Seuls 33% des infirmières interrogées dans notre pays estiment « très probable » de rester employées dans leur secteur d’activité d’ici à cinq ans.

En dépit des progrès réalisés à ce jour par notre démocratie, les infirmières sud-africaines restent confrontées à d’importantes difficultés en termes d’accès adéquat aux infrastructures et de répartition équitable des ressources humaines pour la santé », relève Thembeka Gwagwa, Secrétaire général de DENOSA. « Dans un pays comme le nôtre, en proie à des taux extrêmement élevés de maladies et comptant relativement peu d’infirmières, la situation peut se résumer en deux mots : fuir ou lutter. Allons-nous laisser nos infirmières fuir l’Afrique du Sud ? Ou notre nation luttera-t-elle pour répondre aux préoccupations des infirmières et pour préserver notre système de soins de santé, de manière à prodiguer des soins de qualité à nos patients ?

Les treize millions d’infirmières dans le monde œuvrant dans des hôpitaux, cliniques, dispensaires et autres contextes de soins constituent l’épine dorsale des systèmes de santé. Le Conseil international des infirmières et Pfizer (division des affaires médicales externes) ont collaboré à la réalisation d’une étude représentative auprès de 2203 infirmières dans onze pays : Afrique du Sud, Brésil, Canada, Colombie, États-Unis, Japon, Kenya, Ouganda, Portugal, Royaume-Uni et Taiwan. L’enquête a été réalisée par APCO Insight. Ses résultats généraux et sa méthodologie sont présentés sur le site internet du CII.

Les infirmières constituent le plus important groupe de professionnels de la santé dans le monde », observe le Directeur général du CII, M. David Benton. « Nous voulons mieux comprendre la perspective des infirmières sur leur travail et sur leurs contextes de pratique. Les résultats de notre enquête internationale nourriront la Campagne pour des environnements favorables à la pratique que le CII et ses partenaires ont lancée pour améliorer l’environnement de pratique des infirmières ainsi que la qualité des soins.

Les infirmières jouent un rôle important de défenseurs des patients, sur lesquels elles ont toujours centré leur travail. Notre recherche montre d’ailleurs que, pour les infirmières, l’aspect le plus favorable de leur profession réside dans le contact avec les patients », déclare Mme Paula DeCola (R.N., M.Sc.), du bureau du responsable des affaires médicales de Pfizer, Inc. (division des affaires médicales externes). « Cette enquête confirme les recherches du Dr Linda Aiken, de l’Université de Pennsylvanie : les infirmières estiment que l’insuffisance des effectifs et la surcharge de travail ont un impact négatif sur la qualité des soins prodigués aux patients.

Les résultats de l’enquête dévoilent un certain nombre des problèmes auxquels sont confrontées les infirmières sud-africaines, ainsi que plusieurs opportunités de changement :

  • Près de la moitié des infirmières interrogées (53%) en Afrique du Sud estiment que leur charge de travail s’est aggravée depuis cinq ans, avec des conséquences potentielles sur la qualité des soins prodigués aux patients et sur l’intention des infirmières de rester dans la profession.
  • L’enquête montre notamment qu’en Afrique du Sud, comme dans les autres pays de l’enquête, la plupart des infirmières (85%) se déclarent soumises à des contraintes de temps les empêchant de consacrer à leurs patients l’attention qu’elles estiment nécessaire. Une grande majorité des infirmières interrogées en Afrique du Sud (87%) estiment que le fait de consacrer davantage de temps à leurs patients permettrait d’améliorer leur santé de manière sensible.
  • Les infirmières sud-africaines estiment que les charges de travail écrasantes (32%), l’insuffisance des salaires et avantages sociaux (22%), la non-reconnaissance de leurs efforts (11%), les restrictions budgétaires et les lacunes des systèmes de soins de santé (11%) sont les aspects les moins favorables de leur profession. L’aspect le plus favorable est l’aide aux patients : les infirmières, à 39%, valorisent particulièrement le contact avec les patients.
  • Les infirmières sud-africaines estiment que leurs associations professionnelles protègent leurs intérêts (86%) et répondent à leurs besoins (87%). De fait, les infirmières sud-africaines sont à cet égard beaucoup plus satisfaites que celles d’autres pays : 42% d’entre elles estiment que leurs associations professionnelles sont « très » efficaces, contre une moyenne mondiale de 17%.
  • Les infirmières sud-africaines sont aussi favorables à une extension de leurs responsabilités en matière de soins de santé, en particulier l’autorité de prescrire des médicaments à leurs patients. Cinquante pour-cent des infirmières interrogées dans notre pays disent ne pas disposer actuellement de cette autorité. Huit infirmières sur dix (83%) sont en faveur de l’octroi d’une telle compétence.
  • Les infirmières de notre pays indiquent bénéficier aujourd’hui de meilleures opportunités de formation et perspectives de carrière (59%) qu’il y a cinq ans, de même que d’une meilleure reconnaissance de leurs contributions professionnelles (53%). En outre, 63% des infirmières sud-africaines jugent leur système de santé national en meilleur état qu’il y a cinq ans.

Les infirmières de l’Afrique du Sud, tout comme leurs collègues du reste du monde, jouent un rôle déterminant dans la fourniture de soins de santé de qualité. Nous ne doutons pas que cette recherche contribuera à guider l’action des responsables politiques sud-africains dans la conception de stratégies d’intervention s’inscrivant dans les efforts actuels des pouvoirs publics pour renforcer notre système de santé », déclare Brian Daniel, directeur de Pfizer en Afrique du Sud.

Nombre d’infirmières de par le monde envisagent d’abandonner la profession, ce qui compliquera la tâche de systèmes de soins de santé déjà surchargés, en particulier dans des pays comme le Kenya, l’Ouganda et l’Afrique du Sud. Il est urgent de répondre aux besoins des infirmières en augmentant les effectifs, en leur accordant davantage d’indépendance professionnelle et en les intégrant aux prises décisions. Les infirmières doivent absolument faire entendre leur voix dans les débats qui accompagnent la croissance, le développement et la mutation des systèmes de santé », ajoute M. Benton.

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