Réforme de l’enseignement en soins infirmiers en Europe

Découvrez la lettre de la FNIB à Monsieur le Ministre :

Mesdames, Messieurs,

La Fédération Nationale des Infirmières de Belgique – FNIB (www.fnib.be), membre du Conseil International des Infirmières – CII (www.icn.ch), de l’European Federation of Nurses Associations –EFN (www.efnweb.org) ainsi que du Secrétariat International des Infirmiers et Infirmières de l’Espace Francophone – SIDIIEF (www.sidiief.org), comme leurs homologues des pays de l’Union Européenne, est révoltée car elle a appris que la Commission ENVI du parlement européen a voté en faveur du maintien d’un niveau insuffisant de pré –requis de la format ion en soins infirmiers généraux.

Afin d’assurer une formation infirmière de niveau supérieur et/ou universitaire, comme prôné par la plupart des associations professionnelles infirmières européennes et par plusieurs représentants politiques de divers pays européens, les étudiants ont besoin d’un socle de base de 12 ans avant d’entamer des études en soins infirmiers.

En effet, toutes les études scientifiques (Aiken, 2 002 ; Needlemann, 2002, 2006, 2011) ont démontré depuis de nombreuses années qu’un niveau élevé de formation pour les infirmiers est un investissement peu onéreux qui garantit une politique et des soins de santé de qualité.

De plus, les politiques en matière de Santé publique évoluent et les domaines de compétence attendus du personnel infirmier croissent sans cesse. Etant donné que de nombreux transferts du secteur médical vers le secteur des soins infirmiers voient le jour dans tous les pays européens mais aussi dans le monde entier, les médecins souhaitent collaborer avec des infirmiers plus autonomes et spécialisés.

Pour ce faire, depuis plusieurs années, une large majorité de pays européens a modifié son cursus de formation en soins infirmiers afin de se conformer à la Directive 2005/36/CE. Ils ont adapté et actualisé le programme minimum européen requis sur base des principaux amendements de cette directive, à savoir, un pré-requis de 12 années et 4600 heures en au moins 3 ans d’études. Seuls quelques pays, dont l’Allemagne, maintiennent un socle de base de 10 ans. D’autres, comme l’Autriche, ont entamé un processus de changement pour passer de 10 à 12 ans.

Dès lors, par votre décision, vous sabordez le travail effectué depuis plusieurs années et réduisez à néant toutes les démarches entamées, notamment le processus dans lequel la Belgique s’insère.

Par conséquent, nous espérons que lors du vote du 24 janvier 2013, vous modifierez votre prise de position.

Bien entendu, nous restons à votre disposition pour toute information complémentaire de la problématique infirmière.

Mesdames, Messieurs les représentants politiques ne bradez pas la formation infirmière, la société en souffrira et sachez que l’ensemble de la profession infirmière ne vous le pardonnera pas !

Découvrez la lettre de la SIDIIEF :

Docteur,

Le Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone (SIDIIEF) a été informé que la Communauté européenne, via sa commission permanente ENVI, s’apprête à modifier drastiquement la directive 2005/36/CE du Parlement européen et du Conseil du 7 septembre 2005 relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles. Le principe d’ouvrir l’accès à la formation en sciences infirmières après 10 années de scolarité représente un retour en arrière particulièrement préoccupant pour la qualité des soins et la sécurité des patients.

Le SIDIIEF avait applaudi la position de la Communauté européenne d’harmoniser la formation infirmière dans le système LMD. Or, la formation des infirmières et infirmiers des pays germanophones s’avérant en deçà de ce standard, la Communauté européenne s’apprête à disqualifier gravement une profession sur laquelle reposent d’importants espoirs en regard des enjeux de santé publique à venir.

Les défis de santé du XXIe siècle sont connus et font l’objet d’un large consensus, notamment quant à l’urgence d’assurer des soins de qualité, dans un contexte d’épidémie de maladies chroniques et de fort vieillissement de la population.

Investir dans l’expertise des infirmières et des infirmiers est un choix éclairé et porteur de solutions gagnantes à moyen et long terme. L’agir expert est un gage de collaboration interprofessionnelle, d’innovation ainsi que de gouvernance juste et efficace.

Il est permis d’avancer que l’engagement d’un corps infirmier mieux formé représente un investissement fructueux plutôt qu’une dépense. En témoignent les réductions des coûts imputables aux accidents, événements indésirables, complications, réhospitalisations, sans compter les bénéfices pour les patients, leurs proches et la société. La compétence de l’infirmière qualifiée est donc à l’évidence de nature à contribuer aux objectifs de renforcement des systèmes de santé.

Il est donc capital de réaliser que d’accepter deux niveaux de formation pour la profession infirmière dans la Communauté européenne comportent des risques sérieux en matière de sécurité et de qualité des soins ainsi qu’en terme de péjoration de l’image d’une profession déjà pénurique. Justifiée par des considérations économiques erronées, cette modification représente avant tout un anéantissement des efforts consentis dans de nombreux pays pour élever le niveau de la formation infirmière et des compétences cliniques et scientifiques en découlant.

Pour ces raisons, le SIDIIEF plaide afin que le niveau de licence soit la voie d’entrée pour l’exercice de la profession infirmière dans l’ensemble des pays de la Communauté européenne. Ce niveau doit pouvoir s’inscrire dans un cursus universitaire complet, en trois cycles. Par ailleurs, une formation d’aide ou d’assistante en soins est tout à fait envisageable et devrait être conçue de manière à permettre une mobilité facilitée vers la formation universitaire, cependant, il ne s’agit pas d’infirmières, mais bien d’auxiliaires. Nous vous remercions de l’attention que vous porterez aux recommandations du SIDIIEF et vous prions de recevoir nos plus cordiales salutations.

 

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